RÉGÉNÉRATION URBAINE
Le projet H+ est défini par la création d’un nouveau lieu urbain parsemé d’espaces publics multiples afin de créer un environnement riche et stimulant. Le projet vise la réinjection de logements et d’activités dans un ancien centre industriel déjà en transformation avec l’implantation du campus Helsingbourg et de plusieurs entreprises dynamiques. Le projet propose la restructuration d’un tissu urbain souple vers un tissu plus serré et dense. L’augmentation de cette densité est soutenue par l’implantation de centres et de bâtis mixtes.
LE CENTRE
Les centres sont caractérisés par l’expérience de localisation ou d’attachement à l’espace à travers diverses composantes environnementales et sociales. Cette sensation d’attachement pourrait être partiellement associée au degré apparent d’enceinte ou d’encadrement de l’espace public. Le centre est plus fort lorsqu’il est fait de plusieurs petits centres de différentes échelles interreliées pour former l’ensemble puisqu’il en résulte une richesse spatiale augmentée. Trois types de centres permettent de définir les centres comme des endroits subjectivement significatifs engendrant un sentiment de présence et de proximité. Ces types se caractérisent par l’imagibilité sociale, l’interaction sociale et les bénéfices restaurateurs. Les centres n’existent pas comme une entité isolée dans l’expérience spatiale, la sensation de localisation dans le centre est due à la conscience d’un réseau existant autour du centre même. (Thwaites & Simkins, 2007)
Figure 4.1: Image d'un espace public proposé par le projet
Source photo: Arthitectural.net
CENTRE
Endroit subjectivement significatif engendrant un sentiment de présence et de proximité.
- Principalement convex en forme, enceinte
- Regroupement de centres de plus petite taille
- Caractéristiques d’espace de transition
- Sur le croisement de rues qui encourage le passage
- Percées visuelles
TYPES DE CENTRES
IMAGIBILITÉ SOCIALE
- Présence de services
- Éléments bâtis significatifs (monuments, arbres, etc.)
- Variété et complexité visuelle
- Signification sociale (cérémonies, travail, jeux, etc.)
INTÉRACTION SOCIALE
- Convergence nombreuse de rues
- Présence de mobilier pour l’attente
- Organisation de mobilier favorisant les regroupements
- Lieu d’arrivée et de départ
BÉNÉFICES RESTAURATEURS
- Séparation des distractions
- Confort et abris
- Disposition pour le repos
- Présence de végétation
- Caractéristiques stimulantes (engagement psychologique)
(Thwaites & Simkins, p.66, 2007)
Figure 4.2
Coupe des caractéristiques des centres du projet
Par les auteurs, inspiré de EGA
Le projet intègre plusieurs des caractéristiques du centre. La Figure 4.2 présente le projet en coupe avec certaines des caractéristiques qui définissent ses types de centres. La variété d'éléments du projet permet de soutenir à différentes échelles, l'imagibilité sociale, l'interaction sociale et des bénéfices restaurateurs.
LA DIRECTION
L'habileté de comprendre la sensation d’orientation nécessite la mise en relation avec les alentours. Tels les centres, la direction enrichit et définit l’expérience de l’espace public et du milieu urbain. La direction est définie par le confinement linéaire, les chemins et l’anticipation de ce qu’il y a plus loin. Le confinement linéaire réfère à l’encadrement de la rue par les façades bâties et à la continuité spatiale qui en résulte. Le second aspect du chemin souligne les attributs environnementaux qui font que le déplacement du point A au point B est simple et clair. Finalement, l’anticipation soutient la sensation de direction par ce qu’il est possible de voir, d’entendre et d’imaginer. (Thwaites & Simkins, 2007)
Figure 4.3: Image d'un espace public proposé par le projet
Source: Arthitectural.net
DIRECTION
Continuité signifcativement subjective engendrant une sensation de là-bas et de possibilité future. Stimulé par la perception de:
- Confinement linéaire (conscience de la possibilité de continuité)
- Route (l’acte de passer d’ici à là)
- Anticipation (l’incitation ou la motivation d’aller)
ÉLÉMENTS DE DIRECTION
Dans l’intégration d’une requalification de l’espace portuaire, le projet conserve et renforcit une qualité essentielle de ses types de lieux, soit la transversalité. La qualité de l’axe transversal des places portuaires est un premier critère d’évaluation de leur urbanité, car il se porte garant, à titre de catalyseur, d’espaces publics et d’orientation générale du lieu. Cet axe représente un élément important dans la définition de la sensation d’orientation selon la définition de la direction. Bien que l’axe central du projet soit linéaire, il ne répond pas à l’aspect de confinement. Cela s’explique par le fait que de nombreux centres sont adjacents à cet axe afin de créer un milieu urbain riche d’espaces collectifs. Or, comme le présente la Figure 4.4, la direction s’exprime fortement selon les notions de chemin et d’anticipation, puisque le déplacement le long du canal est libre et comme il s’agit d’un cours d’eau, il est facile d’imaginer la continuité de cet élément. Les rues perpendiculaires au canal offrent une meilleure direction par le confinement linéaire des bâtiments rythmés qui cadrent les rues.
KINÉTIQUE
- Confinement
- Rythme
- Façade non-engageante
- Facilité de mouvement
- Rues primaires claires
SENSORIELLE
- Exploration et mystère
- Vue, odeur, bruit.
- Façades déflectives
- Linéarité du paysage
(Thwaites & Simkins, p.69, 2007)
Figure 4.4
Isométrie des caractéristiques de la direction du projet
Par les auteurs
LA MIXITÉ
La mixité se définit à plusieurs niveaux. Qu'elle soit fonctionnelle, sociale et spatiale, la mixité d’usage génère un choix. Ce choix représente des possibilités, tout comme l’appréhension que plusieurs besoins et désirs puissent être comblés en un lieu, c’est ce qui attire les gens. Les lieux de mixité fonctionnelle sont souvent caractérisés par une variété de formes architecturales, d’espaces et de repères. Cette variété de formes possède différentes significations perceptuelles et valeurs sociales pour différentes personnes. (Thwaites & Simkins, 2007). La mixité fonctionnelle et spatiale sont des facteurs influençant les interactions sociales. Le principe d'interaction sociale repose sur les différentes opportunités apportées par le projet de régénération, sur les formes variées et spontanées d’interactions. Entre autres, les interactions dépendent de la présence d’environnements convenant à la diversité et la variété d’usagers (de groupes sociaux et ethniques) (Russo, 2016. p.37)
La Figure 4.5 illustre les secteurs fonctionnels à l'échelle de la ville. Il est à noter qu'une mixité fonctionnelle est présente à l'échelle de la ville, or la carte soutient la ségrégation fonctionnelle en zones. Le cadrage du projet se situe dans un secteur industriel et à la frontière d'une zone commerciale et résidentielle.
Figure 4.5
Carte des secteurs fonctionnels de la ville
Par les auteurs
AVANT
AVANT
APRÈS
Figure 4.6
Carte des fonctions avant/après le projet
Par les auteurs
ANALYSE DE BENTLEY
PERMÉABILITÉ
Bentley définit la perméabilité comme “le nombre de chemins alternatifs à travers un environnement [...] central à la création de lieux réactifs”. La perméabilité se mesure par les possibilités et les choix offerts au passant et est possible par la présence visuelle et physique de chemins alternatifs entre deux points. Bentley définit que le déclin de la perméabilité de l’espace public peut être dû à trois facteurs, soit l’augmentation de la taille des développements, l’utilisation de couches hiérarchiques et la ségrégation piétons/véhicules.
Le projet H+ proposé pour la régénération urbaine du secteur portuaire offre une ségrégation piétons/voitures par la création d’un îlot de mobilité douce. À la limite du nouveau secteur, le projet propose l’utilisation des rails de train pour y faire circuler un tramway. Aussi, le bâti en bordure propose des stationnements souterrains pour permettre aux citoyens de poursuivre leurs déplacements à pied ou vélo vers les espaces centraux (voir Figure 4.7).
Figure 4.7
Coupe des mobilités (Échelle du projet)
Par les auteurs, inspiré de EGA
À l’intérieur du secteur du projet, l’espace bâti est regroupé en îlots de petite taille. Tel que défini par Bentley, de petits îlots offrent une plus grande perméabilité physique par un plus grand nombre de possibilités de chemins. Par le fait même, la perméabilité visuelle est augmentée en améliorant la conscience des passants aux choix possibles.
Bien que le canal se présente comme une limite physique, un nombre considérable de passerelles permettent d’offrir une perméabilité considérable d’autant plus que la perméabilité visuelle n’est aucunement affectée par cet élément. Ainsi, du projet se dégage une perméabilité à différentes échelles, soit dans le projet et à l’extérieur du projet, mais un manque de perméabilité dans l’intégration du projet à la ville (Figure 4.8).
Figure 4.8
Carte des mobilités (Échelle du projet)
VARIÉTÉ
La variété selon Bentley se définit comme étant un choix d’expériences et particulièrement une variété d’usages. La variété d’expérience se qualifie par l’espace de formes, d’usages et de significations diverses. La variété programmatique implique un niveau supérieur de diversité puisqu’elle amène des typologies de bâtiments, des formes, des personnes, des activités, des temporalités, des raisons, toutes variées. La combinaison de tous ces éléments crée la perception d’un milieu riche sous différentes interprétations et significations.
Figure 4.9
Isométrie de la mixité fonctionnelle
Le projet poursuit la requalification d’un ancien quartier industriel déjà amorcée par l’implantation d’un pôle éducationnel et économique important. La Figure 4.9 présente comment la variété de ce secteur est augmentée par la proposition du projet de créer un nouveau tissu urbain dense avec de l’habitation, du commerce et d’autres services. L’ajout de nouvelles fonctions à l’échelle du projet, permet de créer une richesse programmatique et spatiale offrant une variété de possibilités tel que souligné par Bentley. La création de nombreux logements engendre la création d’un nouveau milieu de vie puisque la variété offerte élargit la période de temps active du lieu. Soit, un milieu de vie dont la période d’activité n’est plus restreinte aux heures de travail, mais s’étend à toutes les périodes d’habitation du lieu.